Ouvrir ou ne pas ouvrir le dimanche ? Les avis sont partagés

Temps de lecture : 4 minutes

Pour ou contre l’ouverture des magasins le dimanche ?

Relancé régulièrement depuis plus de 20 ans, le débat de l’ouverture dominicale a gagné en intensité depuis l’adoption en décembre 2007 de l’amendement autorisant l’ouverture des magasins d’ameublement. Loin de faire l’unanimité, cette mesure partage même les commerçants entre eux. Du côté des consommateurs, 50 % des Français y seraient opposés, contre 49 % d’avis favorables*… Une chose est sûre, la situation actuelle porte à confusion : la loi impose un jour de repos le dimanche, mais on dénombre plus de 180 dérogations et nombre de magasins bénéficient d’accords tacites. Travailler plus pour gagner plus, telle est la devise des partisans de l’ouverture dominicale tandis que les opposants prônent l’équilibre de vie de leurs employés. Toujours en suspens, la question n’a pas été tranchée et un flou artistique flotte encore sur le sujet. Pour ou contre, deux directeurs de magasins nous livrent leur opinion.

* Sondage CSA, Le Parisien et Aujourd’hui en France – Octobre 2007

 

CONTRE

« Je fais primer la qualité de vie de mes salariés »,
Jean-Charles Colleu, directeur du supermarché G20 de Cesson Sévigné

« Je pense avant tout à mes employés. J’emploie beaucoup de mères de famille, ce serait un gros sacrifice pour elles de travailler ce jour de repos familial. Moi-même, je ne souhaite pas me priver du dimanche. » A la tête d’un supermarché alimentaire G20 situé en périphérie de Rennes, Jean-Charles Colleu est opposé depuis toujours à l’ouverture généralisée des magasins le dimanche. Pour lui, c’est une question de respect envers ses 18 employés : « je ferme actuellement tous les dimanches et les jours fériés. Mes clients comprennent très bien que je sois soucieux de l’équilibre de vie de mon équipe. Eux-mêmes ne souhaiteraient probablement pas travailler le dimanche. » L’ouverture dominicale serait un retour en arrière allant à l’encontre de la réduction du temps de travail. « Pourquoi les commerçants devraient travailler plus quand tout le monde travaille moins ? Mes parents étaient commerçants et ouvraient le dimanche, je peux vous dire que ça pesait sur la vie de famille… »

Sans compter qu’il n’y aurait aucun bénéfice du côté de la rentabilité : « Je suis convaincu que ce serait juste un report de chiffres sur le dimanche. Pensez-vous que les consommateurs vont manger plus ? Nous aurions tout simplement moins de clients le samedi et le lundi. » Pour autant, Jean-Charles Colleu sait bien que si l’ouverture le dimanche est légalisée, il se verra contraint de suivre le mouvement pour ne pas perdre de parts de marchés. « Je crains une généralisation du travail dominical : on commence par les commerces, puis on passe aux industries. Ne faut-il pas des fournisseurs pour assurer les livraisons alimentaires ? Peu à peu, toute l’économie risque de fonctionner le dimanche. »

Et du côté des consommateurs ? Selon Jean-Charles Colleu, faire ses courses le dimanche est loin d’être un besoin. « Certes, certains viendront le dimanche s’ils le peuvent, mais je pense que c’est loin d’être une nécessité. Selon moi, c’est une question d’équilibre de vie : le dimanche est consacré au repos et aux loisirs avec ses proches, tant mieux s’il nous reste un jour sans consommation. »

 

POUR

« Ouvrir les magasins, oui, mais banaliser le dimanche, non… » Dominique Mottais, directeur du magasin Alinéa de Paris – Herblay

« Mon magasin a toujours été ouvert le dimanche. Nous avons été inquiétés en février 2008, mais tous nos clients nous ont soutenus. C’est entré dans leurs mœurs, venir se balader dans les magasins fait aujourd’hui partie de leurs habitudes dominicales. »

Dominique Mottais dirige un magasin de décoration d’intérieur de l’enseigne Alinéa en région parisienne. Ouvrir le dimanche est pour lui une évidence : « tout le monde y gagne : les consommateurs peuvent faire leurs courses quand ils le souhaitent, nos salariés peuvent gagner plus s’ils le désirent, nous créons des emplois complémentaires et accroissons notre bénéfice ». Car 25 % de leur chiffre d’affaires se concentre sur le dimanche, un gain qui rentabilise largement les salaires majorés. Chez Alinéa, le salaire horaire est doublé le dimanche, « en plus de nos salariés volontaires, nous employons 30 à 40 étudiants le week-end, ils gagnent ainsi près de 700 € nets en deux jours ».

La liberté de travailler le dimanche oui, mais pas à n’importe quel prix : « je suis contre la banalisation du travail dominical ! Les salaires doivent rester valorisés d’au moins 20 % et le volontariat doit être respecté : le dimanche est un jour de travail exceptionnel et il doit le rester. »
L’ouverture dominicale serait indispensable pour désengorger les magasins le samedi, selon Dominique Mottais : « embouteillages, horaires à rallonge, les franciliens ont bien peu de temps à consacrer aux courses en semaine, et c’est d’autant plus vrai pour les achats de décoration qui se vivent aujourd’hui comme un loisir ». Les magasins qui restent fermés les dimanches seraient ainsi contraints d’élargir leur amplitude horaire en ouvrant bien après 19h en semaine.

Quant à la concurrence entraînée par la généralisation de l’ouverture dominicale, Dominique Mottais ne la craint aucunement, « la concurrence est salutaire, elle oblige à plus de réactivité, nous n’avons jamais souffert de l’ouverture d’un magasin Ikea à proximité en 2005, bien au contraire ! »

 

Propos recueillis par Laure Marcus pour Distrijob

 

 




1 commentaire

Mura le 8 sept. 2019

Moi je suis simplement contre l’ouverture des magasins le dimanche encore une destruction massive de la famille et du bien être de l’être humain et tout ça pour quoi? Essayons de rester des hommes responsables et non des hommes qui ne pensent que à son propre bénéfice. Commençons à régler les problèmes des quartiers pour que les gens puissent vivrent dans la paix et pouvoir profiter de leurs temps libre, là

je pense que cela profiterai à tout le monde et retrouver une crédibilité.
Moi je suis pour le travail pour tout le monde avec un salaire permettant de vivre décemment et s’occuper de sa famille. Le capital devrait être moi boulimique et tout le monde pourrait vivre ensemble et pas en ordre dispersé.

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