Les distributeurs, premières victimes de l’action des gilets jaunes

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La mobilisation des gilets jaunes a déjà fait perdre, au sixième jour d’action partout en France, près des trois quarts de leur chiffre d’affaires hebdomadaire aux distributeurs, très dépendants de l’acheminement des marchandises par la route : rien que sur la journée d’action nationale de samedi 17 novembre 2018, ce sont 35% des recettes qui se sont envolées, évaporées sur le bitume des routes bloquées sur l’ensemble du territoire. Les distributeurs ont même entamé une action auprès de l’Etat, pour obtenir réparation.

 

« Il y a le mouvement sur les routes, qui perturbe la circulation, voire la paralyse, et oblige les camions de réapprovisionnement des magasins à stationner sur le bas-côté des autoroutes pendant des dizaines d’heures d’affilée, d’un jour à l’autre, sans aucun moyen d’emprunter des voies secondaires puisque les manifestants conspuent tous ceux qui tentent de contourner leur mouvement et même, souvent, sont violents avec les routiers qui ne jouent pas le jeu. Il faut dire aussi que la plupart des routiers soutiennent implicitement l’action des gilets jaunes, même si leurs fédérations syndicales ne les y autorisent pas », explique  un préfet de police sous couvert d’anonymat.

 

Mais il y a aussi les actions qui visent directement les centres commerciaux, spots d’action privilégiés des gilets jaunes : « les plus déterminés agissent toute la semaine sur le terrain, mais on sait tous que ce sont les mobilisations nationales du samedi qui défèrent le plus de monde, les actifs étant pour la plupart en week-end », analyse l’IDIES, Institut d’économie parisien. « Mais les grandes surfaces, elles, sont en activité maximale le samedi, comme la plupart des distributeurs dans toutes les villes de France, ce qui en fait des cibles idéales car toutes les actions entreprises contre eux se verront et perturberont la vie économique du pays ». « On est en pleine période d’achats de Noël, elle a commencé le weekend dernier, alors c’est évident que des mots d’ordre des gilets jaunes du type ‘zéro dépense’, ou des blocus d’hypermarchés comme ça a été le cas le 17//18, ça touche très sévèrement les distributeurs qui enregistrent une baisse de fréquentation de près de 40% », complète le département Consommation des Ménages de l’INSEE.

 

Le Conseil National des Centres Commerciaux déplore d’ailleurs que ces blocages se soient prolongés dans près d’une vingtaine de villes en France, pendant toute la semaine. Les conséquences sont encore plus dramatiques pour les distributeurs, déjà impactés par la difficulté de renouvellement des stocks, les camions étant bloqués sur les routes. Les grandes enseignes sont aussi impactées : le groupe Auchan, par exemple, a souffert du blocage de 17 de ses hypermarchés depuis samedi 17 novembre 2018.

 

Depuis, les blocages de dépôts de carburant se sont ajoutés au reste : « même les quelques camions qu’on arrivait à faire rouler en rusant pour qu’ils arrivent jusqu’à nous, par des itinéraires bis discrets, ne peuvent maintenant plus rouler parce qu’on ne peut pas faire le plein », se désole un directeur de magasin dans la zone commerciale de Caen, dans le Calvados. « Les livraisons en magasin étaient compliquées, elles sont devenues impossibles. Les derniers samedis de novembre et les premiers samedis de décembre sont vitaux pour notre chiffre d’affaire de fin d’année, au moment du black Friday et juste avant les fêtes, c’est le moment où on réalise presqu’un tiers de nos résultats annuels. Or, nos magasins sont déserts ! Si le mouvement se prolonge ce sera une catastrophe pour tout le monde, parce que nous allons devoir résorber le manque à gagner en nous serrant la ceinture, et les salariés en pâtiront aussi, avec des primes d’intéressement réduites, voire du chômage technique partiel si on n’a plus rien à vendre en rayons ou si les clients ne peuvent pas accéder aux magasins. Les fêtes de fin d’année sont aussi un moment où les distributeurs recrutent énormément d’intérimaires pour faire face au pic d’activité. Mais si nous continuons à perdre autant d’argent à cause des gilets jaunes, nous ne pourrons pas embaucher autant de personnel que nous le souhaiterions. Le mouvement pour le pouvoir d’achat va se traduire par une dégringolade du niveau de vie de tous les employés de la grande distribution… ».

 

Sans tomber dans le catastrophisme, la Fédération du Commerce et de la Distribution demande aux pouvoirs publics d’agir, et aux gilets jaunes de cesser le matraquage des distributeurs, faute de quoi la situation va effectivement devenir compliquée : « La liberté de circuler et la non entrave à la vie économique doivent être respectés, et le gouvernement s’y est engagé. Nous espérons que cela se traduira rapidement par une amélioration de la situation ». Même discours du côté du Medef, le syndicat des patrons, qui a lui aussi saisi l’exécutif. Tous espèrent « que la mobilisation des gilets jaunes samedi prochain, le 24 novembre 2018, sera plus raisonnée que la précédente et préservera des secteurs économiques indispensables à la croissance en France, et donc, au pouvoir d’achat de tous ».

 

 




1 commentaire

Hannibal86 le 25 nov. 2018

Tout à fait d’accord.
Vive la Démocratie républicaine!
A bas la Dictature macroniste qui perdure depuis Octobre 2017!
Un parfait slogan pour Samedi prochain à Paris :
 » MACRON DEMISSION , LES GILETS SONT A L’ELYSEE ! »
ou bien  » MACRON DEMISSION , LES GILETS VIENNENT TE CHERCHER ! »

Amicalement,
Une Citoyenne engagée en gilet dans le Poitou

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