Monoprix et Amazon : un mariage historique

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Cela fait un moment que les GAFA, les géants d’internet que sont Google, Amazon ou Facebook, sont dans le collimateur de la grande distribution : récemment, Stéphane Trépoz, le PDG de Sarenza, regrettait une guerre quasi perdue d’avance face à ces monstres de la vente en ligne… au moment où, d’ailleurs, il vendait sa marque à Monoprix et au groupe Casino. Le même Monoprix qui, aujourd’hui, joue double coup d’échecs : non seulement l’enseigne mise sur le développement de l’internet allié aux points de vente physiques, mais dans le même temps, elle fait « alliance avec l’ennemi », en quelque sorte. Cette fois-ci, l’accord « gagnant-gagnant » conclu entre les deux distributeurs consiste à proposer sur le site d’Amazon dédié aux livraisons express pour les clients abonnés au service premium, « Prime Now », des produits de chez Monoprix, l’enseigne haut de gamme de chez Casino. Voilà qui devrait faire fureur, car les clients de Monop’, comme on dit, sont souvent des actifs, plutôt aisés, et très demandeurs de livraisons à domicile en moins de deux heures.

 

Pour l’instant, l’offre se limitera à l’alimentaire, et aux clients de Paris et de sa première couronne. Mais si le succès est au rendez-vous, rien n’interdit d’imaginer que demain, la consommatrice pourra commander ses céréales bio de la marque distributeur en même temps que le petit bol imaginé en édition limitée par tel ou tel designer, et que ce sera possible dans la totalité de l’Hexagone. Aujourd’hui, on commence à le comprendre, deux facteurs sont la clé du succès : livraison rapide, très rapide même, et pluralité de l’offre : plus il y a de références disponibles, plus le client est content et consomme, moins il rechigne à payer une seule livraison pour un panier qui, dans le commerce physique, lui vaudrait de se déplacer dans au moins 3 ou 4 enseignes différentes pour pouvoir acheter l’ensemble des produits commandés.

 

En charge de la préparation des commandes, non pas Amazon et son entrepôt Prime Now du 19eme arrondissement parisien, mais Monoprix qui affectera des équipes dédiées dans chaque magasin. Monoprix a négocié de garder la main sur ses tarifs, alors qu’il est souvent reproché à Amazon de mettre la pression sur ses fournisseurs et partenaires commerciaux pour des tarifs toujours plus bas, et des services toujours plus complets. La livraison, sur « Prime Now », est normalement de 3,90 euros (en moins d’une heure), et gratuite au-delà. Cette fois, elle sera de 7,90 euros pour une arrivée au domicile du client en moins d’une heure, et gratuite au-delà de deux heures. Monoprix est la première grande enseigne à s’allier avec l’américain, mais d’autres enseignes ont déjà franchi le pas : Truffaut pour la partie jardinerie, Fauchon pour la partie traiteur, Bio c’est Bon pour le bio.

 

L’accord signé aujourd’hui est donc une première historique sur le marché français, mais pas pour Amazon qui a déjà signé des partenariats identiques avec Dia en Espagne par exemple, ou avec l’enseigne britannique Morrisons… depuis, cette dernière a réalisé sa meilleure progression en termes de ventes et de chiffre d’affaires, depuis 7 ans ! Pour le géant d’internet, l’alliance avec Monoprix est stratégique, parce qu’elle cible une clientèle urbaine et aisée, comme on le disait plus haut ; tandis qu’à l’inverse, pour la filiale de Casino, le fichier Amazon Prime Now représente une mine de clients à prospecter : « nous travaillerons mieux avec Amazon que contre Amazon, et en étant alliés qu’en étant seuls », conclut la direction de Monoprix.

 

La signature de ce nouveau partenariat prouve une fois encore à quel point le secteur de la distribution connaît ces temps une véritable petite révolution silencieuse : l’alliance entre retail et e-commerce fait des émules, en particulier dans les villes ; à Pantin, Leclerc vient d’inaugurer son entrepôt logistique pour les livraisons à domicile de son nouveau service pour les clients franciliens, tandis que le nouveau PDG de Carrefour, Alexandre Bompart, mise tout sur la livraison du dernier kilomètre.

 

 




1 commentaire

ELMCHAOURI le 30 mars 2018

C ‘est une stratégie gagnante à terme .Sur le plan international les alliances de coopération dans la distribution sont en forte croissance sont de formes multiples.
Il est temps de saisir les occasions avant la perte d’efficacité sur les marchés.
HASSAN ELMCHAOURI
SENIOR ECONOMISTE SPECILISTE DES ALLIANCES

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