La locomotive du marché du meuble, c’est la cuisine !

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La tendance du moment, si l’on en croit les spécialistes du meuble, c’est de refaire sa cuisine ! En moyenne, les ménages français sont prêts à investir 5000 euros pour refaire cette pièce, un budget minimum qui peut grimper bien plus haut lorsqu’il ne s’agit pas seulement de refaire la déco, mais de tout refaire du sol au plafond, avec des matériaux haut de gamme et des équipements dernier cri. En 2017, les ventes ont grimpé de 4%, et la hausse se confirme cette année avec un matériau en tête des préférences des consommateurs : le bois.

 

« Il se trouve que la France est globalement, par rapport à ses voisins européens, très sous-équipée en matière de cuisines modernes », analyse ainsi le directeur du segment cuisine chez Conforama. « Le marché de la cuisine a très largement bénéficié depuis un ou deux ans de deux facteurs : la baisse des taux pour le crédit immobilier, qui a décidé un grand nombre de primo accédants à franchir le pas, et à devenir propriétaires. Quand on achète un appartement ou une maison, c’est une des premières choses qu’on refait : la cuisine. C’est une pièce que l’on a besoin de s’approprier et de remettre à son goût pour se sentir bien, parce qu’on y passe énormément de temps et qu’elle représente souvent le cœur du foyer, le lieu de rassemblement de la famille, les repas entre générations, les moments de retrouvailles, bref…. C’est peut-être la pièce la plus associée aux souvenirs heureux et aux émotions chez les Français, toutes catégories socio professionnelles confondues et quelle que soit la tranche d’âge. Un ressenti partagé par les hommes comme par les femmes ! L’autre effet levier qui a boosté le marché, ce sont les lois comme la loi Pinel, et les autres avant elles, destinées à relancer le marché de la construction neuve. Les promoteurs sont nos meilleurs clients, et ils n’ont jamais aussi bien vendu, donc pareil pour nous ! ».

 

Autre explication : la cuisine s’est très largement démocratisée, avec des prix aujourd’hui très compétitifs qui permettent à davantage de personnes d’investir. En 2018, la grande distribution propose ainsi un catalogue de modèles de couleurs, matières, formes, et modes d’intégration ultra variés, pour des prix parfois hallucinants : Ikea propose ainsi des cuisines à moins de 1000 euros… Pour autant, les spécialistes de la cuisine restent les grands favoris des Français : l’an dernier, leur chiffre d’affaires a augmenté de 6%… une prouesse, au regard de la conjoncture économique, encore un peu grippée malgré quelques signes d’embellie. « Cela nous donne évidemment envie d’évoluer et d’embaucher », explique le patron de JMR Cuisines, une PME familiale d’Antibes qui a dépassé les 100 000 euros de chiffres d’affaire l’an dernier. « Nous envisageons de multiplier par deux le nombre de nos salariés ».

 

Le marché bénéficie aussi de la forte concurrence entre ses acteurs, qui pousse les uns et les autres à se renouveler très souvent, et à faire preuve d’imagination pour innover, en matière de produits mais aussi en matière de services : selon l’IPEA (Institut de Prospective et d’Etudes de l’Ameublement), la croissance reste stable, à +6%, sur les 3 premiers mois de l’année 2018 : « en 2017, le secteur du meuble a représenté près de 9,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec une croissance supérieure à 2% depuis maintenant 4 ans, ce qui est énorme… pour ce qui concerne plus précisément les meubles de cuisine, la progression des ventes est de quasiment 4%, le segment est très dynamique et pèse, pour sa part, plus d’un quart du marché de l’ameublement global, soit entre deux et trois milliards d’euros selon les années !

 

Pour autant, la tendance ne devrait pas s’essouffler pendant encore plusieurs années : « Encore au moins un tiers des ménages français n’ont pas encore de cuisine équipée, soit 11 milliards de foyers environ ! Ce qui signifie que le développement du secteur va se poursuivre encore longtemps », estime de son côté le PDG des cuisines Schmidt et Cuisinella. « L’autre élément à prendre en compte, c’est aussi le fait que ces dernières années le marché des résidences secondaires a bien progressé. Résultat : l’Hexagone représente l’un des marchés les plus porteurs d’Europe pour les cuisinistes ».

 

Surtout, le goût des Français pour l’aménagement et la décoration intérieure ne cesse de s’affirmer : la part du budget des ménages consacré à ces deux postes a explosé ces dernières années, et représente plusieurs milliers d’euros en moyenne par ménage et par an. Parmi les tendances qui ne se démentent pas depuis maintenant la fin des années 1990, c’est aussi la cuisine ouverte, à l’américaine : en clair, elle fait partie de la pièce de vie et voisine sans cloisons avec le salon et la salle à manger. Résultat : là où, autrefois, on n’accordait peu d’importance à une pièce jugée comme secondaire, comme un office certainement pas destiné à être vu par les visiteurs et les invités, la cuisine est aujourd’hui aux antipodes, une pièce où l’on reçoit, que l’on expose, qui pose aussi le rang social de ses propriétaires, et pour laquelle on est désormais prêt à dépenser beaucoup d’argent. Une évolution des modes de vie qui a largement soutenu les cuisinistes, mais aussi directement toutes les entreprises spécialisées dans le petit et le gros électroménager, dans l’équipement, les tables, las assises, ou encore la robotique et la domotique. Les émissions de télévision consacrées à la décoration ou à la cuisine ont fait le reste : les Français passent de plus en plus de temps à concocter de petites plats, et ils ont envie de s’adonner à ce loisir dans un espace convivial, qui leur ressemble et qui, dans le même temps, soit suffisamment moderne pour éviter les inconvénients dans toute la maison. Par exemple, les hottes représentent un budget conséquent en 2018, là où, autrefois, quasiment aucune cuisine (le plus souvent fermée) n’avait jamais vu la couleur d’un engin de ce type !

 

 




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